22 juillet 2025
Protection de l'environnement

Optimiser la gestion de l’eau dans l’industrie chimique : retours d’expérience sur les outils France Chimie

REX : des outils concrets pour répondre aux enjeux hydriques.

Face à la raréfaction de la ressource en eau et à l’évolution des exigences réglementaires, la gestion optimisée de l’eau devient un levier stratégique pour l’industrie chimique. Depuis 2023, France Chimie propose un panel d’outils opérationnels à destination des industriels : guide de l’eau, auto-diagnostic FSAT (Factory Self-Assessment Tool), webinaires de sensibilisation, appui des correspondants régionaux, etc.

Deux industriels témoignent de leur appropriation à ces outils : BASF Beauty Care Solutions (site de Pulnoy) et DSM-Firmenich/DRT (site de Viel-Saint-Géron). Leurs retours illustrent deux approches complémentaires : l’une visant à consolider une stratégie déjà avancée, l’autre amorçant une structuration progressive dans un contexte de pression locale croissante.

BASF Beauty Care Solutions – Structurer une gestion de l’eau performante grâce au diagnostic FSAT 

Sur son site de Pulnoy (54), spécialisé dans les ingrédients actifs pour la cosmétique, BASF Beauty Care Solutions est engagé de longue date dans la réduction de ses impacts environnementaux, dans le cadre de sa certification ISO 14001. L’eau y représente un enjeu, à la fois comme ressource process et élément produit.

« La consommation d’eau est l’un de nos enjeux environnementaux. Même sans obligation réglementaire, nous avons fait le choix d’agir, car l’eau est un levier de progrès et de performance. »

Mentionne Farid Rziki, ingénieur Environnement & Sécurité, BASF Pulnoy

Après plusieurs projets d’amélioration technique et un accompagnement ponctuel par un bureau d’études, le site a souhaité approfondir son analyse grâce au diagnostic FSAT proposé par France Chimie, en lien avec le correspondant régional de France Chimie Grand Est. Cette démarche a permis de :

  • Faire un bilan structuré du travail réalisé depuis 2019,
  • Evaluer le niveau de maturité du site dans la gestion de l’eau,
  • Identifier de nouvelles pistes d’amélioration.

Le diagnostic a été conduit lors d’un atelier avec France Chimie, à partir de la grille FSAT. Il s’est appuyé sur un socle solide : la mise en place en 2020 d’un réseau de compteurs connectés couvrant l’ensemble du site (process et utilités), permettant un suivi heure par heure de la consommation d’eau par poste.

« Ce plan de comptage renforcé nous a permis de revoir nos indicateurs et de fiabiliser notre connaissance des flux. Cela limite les risques de fuites ou de dérives. »

Pour amplifier cette dynamique, le site a constitué des groupes de travail transverses associant plusieurs services. L’objectif est de repérer de nouvelles économies, sur la base d’une approche collective et collaborative. 

Dans une optique de structuration, le site a engagé une formation à la norme ISO 46001 (efficacité de la gestion de l’eau), en s’inspirant de son expérience avec l’ISO 50001 pour l’énergie. Bien qu’aucune certification ne soit visée à court terme, la norme sert de référentiel méthodologique.

« L’ISO 14001, les objectifs du Groupe, et les attentes croissantes de la société sur l’eau nous poussent à progresser. Nous définissons des objectifs quantifiables, réévalués chaque année.»

DSM-Firmenich/DRT – Connaître pour agir sur un site fortement consommateur 

Le site DRT de Viel-Saint-Géron (43), intégré depuis 2022 à la division ingrédients du groupe DSM-Firmenich, est historiquement implanté depuis 1932. Il transforme de la résine et de l’essence de térébenthine, avec une consommation annuelle supérieure à un million de m³.

D’après Nicolas Guyard, ingénieur environnement, DRT / DSM-Firmenich, « À l’échelle locale, nous représentons 78 % des prélèvements d’eau souterraine de la commune. Ce chiffre nous oblige à agir ??. »

Dès 2018, le site a reçu des courriers de pré-alerte sécheresse, suivis d’arrêtés en 2022-2023. En 2023, l’arrêté ministériel du 30 juin demandait aux industriels de réduire leur consommation de 5 à 20 % selon le niveau d’alerte. Cette pression a servi de déclencheur.

Le site a alors engagé une démarche structurée avec plusieurs outils : 

  • Webinaires organisés par France Chimie et Aquassay pour la sensibilisation des équipes, 
  • Diagnostic FSAT, toujours en cours, 
  • Guide de l’eau, notamment pour l’analyse économique complète de la ressource, 
  • Outils internes du groupe (Water Risk Filter du WWF, Water Operational Assessment). 

Le diagnostic a permis de dresser une cartographie par atelier à l’aide de diagrammes de Pareto, identifiant les usages prioritaires (refroidissement, process, lavage). Une analyse du coût réel de l’eau a également été menée, intégrant les coûts directs (factures, énergie, traitement) mais aussi les coûts indirects (arrêts de production, risques sécurité, STEP, etc.).

« Le coût de l’eau, ce n’est pas seulement la facture. C’est aussi le coût de l’absence d’eau. Pas d’eau, pas de vapeur, pas de distillation, pas de sécurité. » 

Une opportunité de « reuse » a été identifiée : 400 m³/j d’infiltrations pluviales + 2000 m³/j d’eau traitée en STEP, qui pourraient être réutilisées. Le projet CPP (Condens Polishing Plant), actuellement en phase de démarrage, devrait permettre une économie de 10 %, soit 300 m³/j. 

Des projets concrets ont également été mis en œuvre sur d’autres sites DRT : 

  • Pompes à vide sèches en remplacement de pompes à vide liquide, 
  • Tours adiabatiques à la place de tours aéroréfrigérantes, 
  • Phytoépuration des eaux pluviales à L’Esperon. 

Le site travaille actuellement à la mise en place de compteurs non intrusifs, loués pour un an, afin d’affiner sa connaissance des usages poste par poste. Cette cartographie est essentielle pour dimensionner les futurs projets, notamment de traitement tertiaire/quaternaire. 

Des démarches complémentaires pour une gestion durable de l’eau 

Ces deux retours d’expérience montrent la complémentarité des outils France Chimie selon le niveau de maturité du site : 

  • Le guide de l’eau apporte une base méthodologique solide et une analyse économique enrichissante (y compris sur les coûts cachés), 
  • Le diagnostic FSAT permet une auto-évaluation structurée, un échange collectif sur les marges de progrès et une priorisation des actions, 
  • Les webinaires facilitent la sensibilisation et l’engagement des équipes opérationnelles. 

Dans les deux cas, les retours d’expérience montrent clairement que la réussite repose sur : 

  • La qualité du comptage, 
  • L’implication collective des services, 
  • La structuration des démarches à travers les référentiels normatifs (ISO 14001, 46001, 50001), 
  • Et une volonté forte des équipes locales, en lien avec les orientations des groupes. 

Il est également essentiel de rappeler que chaque action dans la gestion optimisée de l’eau est subventionnable pour partie par les agences de bassin. Un dossier de demande de subvention doit être déposé avant la première commande passée.

France Chimie reste mobilisée pour accompagner les industriels dans l’amélioration continue de leur gestion de l’eau, en proposant des outils adaptés, une animation régionale et un partage d’expériences entre pairs.

Contact : Manal Lamarti, France Chimie

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